C'est le moment où je me demande toujours: faut-il aller plus loin? Quitte à détruire à jamais ce premier jet - et c'est ce qui se passe inéluctablement, déjà cette image n'existe plus, entre
nous soit dit, mais est-ce véritablement ce que je veux? A la fin, pour quoi et pour qui irai-je au-delà de cette première impression? Quitte à me perdre, à tout perdre? Qu'est-ce qui me
contente?
J'ai le souffle court ce soir et n'apporterai aucune réponse satisfaisante à ce sujet.
Ce qui est sûr, cette interrogation est, d'une certaine manière, la réponse que je donne à l'académisme, à l'amateurisme et au succès spectaculaire. Tous, ils se contentent d'un premier jet ou au contraire d'une lécherie ne différant du premier jet que par des subterfuges que chacun peut apprendre à reproduire.
L'idéal de ne rien savoir et d'apprendre à connaître est une attitude très spéciale. Non, elle n'est pas d'orgueil, et elle ne sera jamais commune non plus (l'école n'y changera jamais rien): elle est l'attitude de refus des solutions données et en même temps du plus grand respect pour ce qui veut exister. Elle est tourmentée et sage à la fois. A la croisée de chemins où l'on peut choisir de rester les bras croisés comme un bouddha de pacotille - car nous n'avons pas l'âge de cela - ou d'emprunter telle ou telle direction, tout en étant bien conscient que, etc. Docteur, qu'ai je fait? Pourriez-vous me l'expliquer?... C'est cela, je pensais bien. Je vais continuer tout seul, alors.