Fils de l’absurde

 

 

I.

 

L’écume ravage leurs rêves

Leurs pieds touchent le ciel

Ils ne sont plus nombreux

Mais je continue de rire dans ma mère

Ni heureux

 

Son ventre zébré d’éclairs

Le tonnerre dans ma bouche

 

Je me jette le corps plein dans l’abominable

 

Souffle d’orgueil.

 

Je n’ai plus le mal

Ô mon masque de carnaval

D’autres le veulent

Ils lisent sur ma figure une lueur

De gouffre qu’ils n’ont pas gardé

 

Je suis le trou

Le regard qu’ils m’ont jeté

L’air crié des mouettes

Bêlé des moutons

Sous le soleil vert du rideau.

 

Voyez l’espace

Une lame coupante dans le rêve

Un charme doux de jours sanglants

Entre les deux je meurs

Jouissant de ma mort

Pauvre insultant les riches

Je me déshabille trois fois

 

Vraiment

Pour moi

Et pour elle

 

Maman des temps morts

Porte d’illusion claire

Tranchant le temps de ma peur

 

 

II.

 

Sang dans les caves

Cierge aux abris

Bombe !

 

Non le feu mais ses jambes brillent

De l’enfance que j’ai peur d’allumer

De la flamme que je ne pourrai plus toucher

Qu’à son sexe ciré de froid

Carré de honte

 

Car l’amour égale l’horreur

Blé chaud

D’un champ vert après l’amour

 

Infranchissable espace pour emmerdeurs

Orgasme du corps

Le ciel s’est rétréci

Nos deux mains

Tremblement de l’esprit

S’arrachent l’espace d’une éraflure d’ongle

 

Rien ne tient

Tout est labile

Je deviens débile comme un sein

Sucé longtemps

Mordu pourtant

 

Jusqu’au réveil

 

(2003)